La Société coopérative agricole des plantes à parfum de Provence (SCA3P) a été créée en 1979 par sept producteurs de lavande de Simiane-la-Rotonde. Ces producteurs souhaitaient s’allier pour s’affranchir du joug des négociants et des courtiers qui faisaient à l’époque la pluie et le beau temps sur le marché. Le regroupement en coopérative était la solution idéale pour lutter contre ce système souvent peu avantageux pour les producteurs.

Dans les années 1980, les fondateurs se regroupent avec une autre coopérative du plateau de Valensole qui fonctionne sur le même modèle. Cette nouvelle alliance permet à la SCA3P d’étendre sa gamme de produits et d’apporter dans la corbeille de mariage tout le potentiel de développement du plateau de Valensole, avec le lavandin notamment.

Avant les années 1990, toutes les récoltes étaient réalisées à la main et nécessitaient une abondante main d’œuvre. La mise au point des nouvelles techniques des caissons de distillation, sur le même modèle que ceux utilisés aux États-Unis pour la distillation de la menthe, ont permis aux producteurs de s’adapter pour rester concurrentiels.

206 producteurs

Entre 1995 et 2000, la coopérative produit 150 à 200 tonnes de lavandin par an mais à partir des années 2000 les tonnages s’envolent, atteignant 300 à 400 tonnes : le dispositif sur les quotas qui régule alors la mise sur le marché, incite les producteurs à rejoindre la SCA3P pour commercialiser leur production plus facilement.

Cette augmentation de la production permet à la SCA3P de disposer de quantités suffisantes pour répondre à la demande d’huiles essentielles, tout au long de l’année. Aujourd’hui, la coopérative regroupe 206 producteurs du plateau de Valensole, du plateau d’Albion et du Quercy. Elle produit toujours de la lavande et du lavandin mais a aussi étendu sa production à de nouvelles cultures pour répondre à la demande du marché. Ainsi, les adhérents cultivent aussi la sauge sclarée, l’immortelle, le thym chémotypé et la coriandre.

La culture de la sauge sur le plateau de Valensole s’est, par exemple, développée dans les années 2010, au moment de la crise des prix du blé dur dont les prix avaient considérablement baissé. Toutes ces cultures sont particulièrement adaptées au terroir provençal puisque ce sont des plantes endémiques qui poussent sur place à l’état sauvage. La coopérative a joué son rôle de conseil et de moteur auprès de ses adhérents pour leur faire mettre en place de ces nouvelles cultures et évoluer vers un mode de production plus raisonné.

Une coopérative, c'est un homme, une voix !

La coopérative a un fonctionnement totalement égalitaire. Elle appartient entièrement aux agriculteurs, chaque producteur en détient des parts qu'il rend s'il quitte la coopérative.

Quelle que soit la surface que détient le producteur, sa voix a la même importance que celle d'un autre. La politique est définie par un conseil d'administration composé de 16 agriculteurs élus lors de l'assemblée générale. Celle-ci se réunit au minimum quatre fois par an.

La coopérative organise toute la partie transport avec la gestion du transit de ses produits qui peuvent pour certains être considérés comme des matières dangereuses.

La SCA3P gère la commercialisation jusqu'aux consommateurs finaux. Elle est apte à répondre aux spécificités de chacun de ses clients. Elle dispose du savoir-faire pour faire les mélanges qu'ils recherchent. La quantité de produits disponible permet de répondre à la demande tout au long de l'année et à toutes les spécificités des clients. Un logiciel de traçabilité permet de sourcer tous les produits du producteur à la parcelle sur laquelle ils ont été cultivés.

Un appui technique

Comme pour le vin, la coopérative est capable de réaliser des assemblages complexes et de fournir des compositions stables. Outre cet aspect commercial, la coopérative offre un appui technique aux producteurs en se déplaçant sur le terrain pour suivre l'état sanitaire des plantations. Elle peut faire des recommandations sur les actions à mettre en œuvre ou non. Au moment de la distillation, le responsable qualité effectue des contrôles.

Des réunions techniques sont régulièrement organisées pour les adhérents, sur les produits phytosanitaires par exemple, ou l'état du marché. Un accompagnement complet est proposé aux producteurs qui souhaitent changer leurs méthodes de culture et passer à l'enherbement.

Au cours de son histoire, la SCA3P a beaucoup travaillé sur le développement du machinisme par exemple, en mettant au point un broyeur pour gérer les enherbements ou un autre pour travailler la graine de coriandre.